lundi 2 novembre 2009

"Contractilité" Musculaire


Le muscle, comme notre esprit, ne peut pas faire deux choses à la fois. Soit il est au repos, prêt à l’emploi, soit il est en fonction, et par conséquent inutilisable. Il est possible parfois de le trouver dans un état médian, ce qui est pathologique ou transitoire (courbatures ou blessures). Pour obtenir une réaction rapide, sans parasites face à un stimulus, il faudrait que notre muscle soit toujours dans un état d’alerte mais détendu… hummm, les paradoxes commencent.

Dans une telle situation, nous nous retrouvons souvent englués dans des joutes verbales sans importance et nous ne parvenons plus à trouver les mots. Plus tard, nous nous en voulons de n’avoir pas dit ceci ou cela. Pendant l'altercation, notre esprit était alors tendu à cause d'une projection dans le futur ou dans ses mémoires du passé, donc trop occupé pour accéder au présent ; nous étions paralysé en somme.

Voilà dans quel état se retrouve notre corps beaucoup trop souvent !

Ce que nous recherchons par le biais de la pratique, c'est un corps qui consomme le moins possible d’énergie, pour ne pas l’user bêtement, mais qui répond instantanément quand il est utile de le faire. Nous sommes aidés dans la vie par des " drogues " naturelles fabriquées par le corps, elles nous permettent de nous dépasser. Mais notre esprit est tellement tourmenté par nos pensées compulsives et nous sommes tellement ignorants des mécanismes de défense, que cela nous paralyse au lieu de nous aider. La décharge d’adrénaline qui va parcourir notre corps en cas d'urgence va souvent être interpréter comme une sensation de faiblesse. En réalité c’est une sensation de légèreté qui ne demande qu'à être suivie par l’action, la " contractibilité "parfaite de nos muscles prêts à tout.

Notre corps doit être détendu pour répondre correctement à ces signaux, sinon cela demande des efforts terribles de lutte entre une volonté de rester paralysé et cet "involontaire" (principe de vie de chaque cellule) naturel qui ne demande qu’à agir. Pour obtenir cette détente, il est nécessaire d’avoir une pratique quotidienne qui permette de garder notre structure dans son état naturel de repos. Le " repos " n’a rien à voir avec une mollesse prônée par les adeptes hystériques d’une non violence illusoire. C’est un état transitoire entre deux actions de la vie, simples ou complexes. Le corps est tonique mais pas dur, l’esprit relâché mais pas endormi.

Notre esprit est un facteur essentiel pour la détente du corps. Dans une action spontanée, il n’y a pas de dépense d’énergie inutile. Dans une action gavée de pensées contradictoires et confuses, le corps est tendu et contrarié dans un conditionnement de " mal faire ". Le travail de la détente du corps passe par la relaxation de notre "boite à pensées". Pour qu’un exercice soit utile, il ne faut pas qu’il soit intellectualisé au début, dans la phase d’apprentissage : C’est là qu’il est utile de juste suivre les conseils de son professeur sans poser trop de questions. Quand l’ensemble corps/esprit est détendu dans la réalisation du geste, convenable ou pas, alors il est temps de discuter. Trop souvent les jeunes pratiquants cherchent à discuter sur le fond et la forme de ce qu’ils vont faire avant même d’avoir esquissé le moindre geste. Le professeur qui rentre avec eux dans un débat d’idées est un mauvais enseignant : Il flatte son ego dans une discussion houleuse à travers laquelle il va étaler son savoir et gâcher toute chance de découverte du " jeune scarabée ". Le professeur qui souhaite faire évoluer profondément son élève ne lui dit rien si ce n’est " au boulot et tais toi ! ".

L’intention est nécessaire pour initialiser les gestes, mais elle va devenir très vite un problème. Dans l’intention, nous mettons toute l’attente et l’espoir dans un geste qui voudrait rester dans le domaine de l’action pure. Sur une frappe, la volonté de puissance et les fantasmes du résultat vont compromettre le succès de celle-ci. L’intention est un starter, comme avec une voiture des années 80, mais rouler à fond avec le starter est l'assurance d’un résultat bien triste.

L’intention est utile dans la phase d’apprentissage, mais reste un handicape dans la phase de pratique ; quant à l’utilisation dans les arts de combat, c’est une catastrophe !

La réalisation sera un miroir de l’entraînement et c’est dans cette préparation que le " Yi " (intention) sera utile. Dans l’usage c’est un poids qui encombre.

Les exercices qui auront suivis les phases d’apprentissage et de pratique seront prêts pour l’utilisation. Il sera inutile de rajouter une intention, une attente ou une prière, ce sera trop tard !

Dans la médecine chinoise c’est le foie qui est responsable de la bonne circulation de toutes les manifestations de l’énergie dans le corps (sang, énergies nourricière et défensive, liquides organiques). Toute tension de l’esprit ou du corps le blesse et il rechigne ensuite à faire son travail correctement. Même d’un point de vue cellulaire, le stress tend et raidit les cellules qui seront moins performantes pour une action donnée. Trop d’intentions ont rendu nombre de pratiquants d’arts martiaux coléreux et malades, tristes et un peu fous… trop de tension !

Pour leur naturel spontané aux gestes d’un être humain détendu et en bonne santé, il nous faut nous détendre. Les exercices sans but évident, le travail quotidien sur l’intimité avec notre corps et le travail de reconnaissance de notre esprit ; voilà de quoi faire !

mardi 20 octobre 2009

Enracinement et Pratiques Sérieuses



Dans les arts internes chinois, on parle beaucoup plus du changement du corps et de l’esprit, ou plus exactement du changement du corps "avec" l’esprit (ou inversement), que des formes, des routines, des katas…

La différence avec l’externe, en laissant de côté le rapport à la contraction musculaire, est cette possibilité de changer une action isolée (du bras, par exemple) en une action globale du corps.

Cette dernière, contrairement à la force venant de l'externe, amène une vraie puissance dans l’action, la non fatigue de la partie du corps qui fait l’action et la possibilité de multiplier cette action.

La force du mouvement va faire toute la différence, car il sera alors impossible pour un adversaire de " parer " ou de " prendre " le coup tant il est destructeur.

La recherche de ce " corps total " est souvent au centre de chaque style interne chinois classique, j'entends par là chaque " style sérieux ".

Sans cette recherche de globalité et d’unité, on ne fait usage que de la force isolée qui nous ramène inévitablement à l’externe. Travailler l'externe est chouette aussi, à partir du moment où l'on sait ce qu'on fait, c’est encore une histoire de choix…

Celui qui s’entraîne aux arts internes avec une vision externe, ou inversement, va perdre du temps à faire n’importe quoi, et ne va aller nulle part.

Toute la base du vrai travail interne vient de la détente et de l’enracinement.

L’ enracinement amène la possibilité de rester centré malgré les "changements".

L'enracinement interne est donc cette aptitude à "changer" avec les "changements" du monde et dans une situation donnée. Cette écoute du monde, pour s'adapter, doit se faire dans une certaine densité, une certaine solidité, souples et vivantes.

Ce rapport au sol, pour faire sortir la force et "changer" est une nécessité, si on veut transformer sa perception des événements et ses gestes.

Les exercices sont une façon de "goûter" les fameux changements, pour parvenir à une liberté "adaptable" du corps tout "entier".

C'est pas simple, mais c'est cela l'interne.

Quelles que soient les facettes de l’entraînement interne, il faut avoir un rapport au sol qui permet d’unifier la force du corps. Ce travail peut se faire comme dans le Yi chuan, en restant debout, mais il existe bon nombre d’autres méthodes.

Je veux dire en matière de pratiques des arts internes chinois, pas de football américain ou de sumo.

Avez-vous aujourd'hui des pratiques qui vous ont apporté un enracinement ?

Transmettre la force de l'enracinement par le corps demande "d'apprendre à céder"...

Il suffit de pratiquer avec une intention et une force "légère et douce", qui "laisse l'énergie couler".

Mais c'est tellement complexe de ne pas mettre de force avec nos phantasmes guerriers...

Facile, mais difficile.

Pour ma part, une série de postures statiques, des exercices à deux et des exercices pour sortir le " jing ", la force, m’aident à m’enraciner.

Tous mes entraînements contiennent des gestes très lents et des moments de formes statiques.

Si elle demande un bon enracinement, une pratique interne sérieuse ne demandera en revanche pas d'obtenir un gabarit particulier.

Je ne pense pas qu'il faille devenir fort, faible ou maigre pour faire de l'interne.

Cependant, je ne peux pas dire non plus que la détente entraîne la perte de la masse musculaire. Que l'on soit musclé ou pas, la taille des épaules reste inchangée par exemple.

Si on conserve une pratique de "contact" régulière et sans retenue, les muscles restent les muscles, simplement on s'en sert d'une façon différente.

Dans ma lignée, dans mon style, il y a eu des costauds et des maigres, mais au fond, ils sont tous restés comme ils étaient à l'origine, épaules ou pas.

Wan Shujin avait des épaules rondes et "hypertrophiées", mon autre avatar, le vieux tout sec, Wan Laisheng, avait aussi les épaules rondes et proéminentes, même tout sec.

Beaucoup de gens qui font de l’interne se coupent de la réalité des combats (contacts) "violents", où les muscles travaillent dans le sens d'un " corps uni ". C'est leur meilleur prétexte pour justifier la faiblesse de leur corps.

Sans aller aussi loin que le combat, il suffit de manier les armes de façon " unie ", il en résulte alors une musculature particulière qui se note, tout en restant détendu par ailleurs.

Il existe une autre branche d’amis des arts de combat du Zhejian, près de Shanghai, qui font de la boxe du poing de coton. Ils ont des corps de gymnastes, secs et dessinés, mais ne s’entraînent pourtant que de façon interne et souple : c’est une branche 100% interne.

Je ne crois donc pas que les modifications corporelles se voient aussi bien quand on reste dans son système.

En revanche, si on change de système et que l'on passe du karaté, shaolin dur, lutte gréco-romaine aux styles internes chinois, là il va y avoir un changement évident !

Le corps récupère des erreurs passées et retourne vers " sa " normalité, vers une force détendue et souple.

Les arts de percussion amènent un épaississement et une tonicité particuliers des muscles, une sorte d’élasticité, de peau " latex ". Les arts de luttes rendent rond et lourd, enraciné.

Les arts internes sont souvent liés à la percussion, tout en restant à une distance courte de " sécurité ". Si les exercices et le combat sont combinés régulièrement, les muscles peuvent rester apparents, mais deviennent très rarement " hypertrophiés ".

Bury St Edmond, a good seminar

jeudi 8 octobre 2009

Le Taijiquan de la Famille Li

Le Taijiquan de Li Fangchen, ami de Du Xinwu, est une boxe ancienne dont le fondateur fut Yang Luchan (1799-1872).

Yang Luchan, forcé d'enseigner son art à une cour impériale qu'il abhorrait (des Manchous), le transforma pour ne transmettre sa forme personnelle qu'à sa famille.

Yang Luchan eu trois fils et le cadet, Yang Jianhou (1837-1917) qui eut comme disciple Li Fangchen, appris la forme ancienne de la boxe qui resta vivante mais cachée.

De son côté, le troisième fils de Yang Jianhou, Yang Cheng Fu (1883-1917), popularisa un exercice de santé basé sur les mouvements de l'art familial.

Ce qui les différencie est assez simple :

Dans la forme moderne, on apprend une chorégraphie d'inspiration martiale qui ne repose plus sur des nei gong, mais sur le geste lui-même.

Dans la forme ancienne, comme dans toutes les boxes de l'école interne, nombre de li gong (travail de la force), de nei gong (travail de la force interne) et d'exercices de combat se pratiquaient avant même d'apercevoir la forme.

L'aspect santé de la forme vient essentiellement de la pratique des nei gong et il faut savoir que l'aspect martial n'est pas contenu dedans.

Il y a trois niveaux d'étude dans le Taijiquan de la famille Li :

  •     Apprentissage des mouvements relatifs aux 13 postures,
  •     Pratique des exercices liés et des formes rapides,
  •     Maîtrise de la "longue boxe".

Il y a quatre principes de combat et quatre techniques de soutient :

  •     Peng : occuper l'espace,
  •     Lu : tirer,
  •     Jie : écraser,
  •     An : pousser.

Et les forces de :

  •     Coude : utilisation du coude pour le combat,
  •     Bousculer : "marcher à travers l'adversaire",
  •     Attraper : saisir et tordre,
  •     Séparer : déstabiliser et casser,

Ces huit concepts de combat se déroulent dans les cinq directions (13 postures).

Chaque principe, tel que Peng, possède une bonne douzaine de nei gong, li gong et exercices à deux pour être saisi et utilisable.

Après avoir compris et pratiqué les exercices de base pendant quelques semaines (…), on passe normalement aux exercices liés et aux formes rapides.

Il existe 16 exercices liés qui se composent des principes de combat et qui cherchent à développer la force d'impact dans différents angles. :

  •     Repousser
  •     Porter
  •     Lever
  •     Froisser
  •     Sceller
  •     Coller
  •     Percer
  •     Vriller
  •     Défoncer
  •     Enrouler
  •     Intercepter
  •     Griffer
  •     Briser
  •     Diriger
  •     Entraver
  •     Secouer

Les 12 formes rapides sont des petites formes de trois à cinq mouvements qui testent la force et la pénétration des concepts de combat dans la rapidité et le mouvement :

  •     Frappes rapides
  •     Coudes enchaînés
  •     Poussées fortes
  •     Projections rapides
  •     Griffer et froisser
  •     Paumes changeantes
  •     Aller dans le sens
  •     Aller contre le sens
  •     Destructions
  •     Contrôler et casser
  •     Conduire et percer
  •     Provoquer et coller

Ensuite, et seulement parce qu'on a acquis la connaissance de tout ce qui précède, on passe à l'acquisition d'une forme qui tient lieu de résumé de tout ce qui fut appris : la longue boxe.

Les mouvements enseignés dans cette forme sont une façon de travailler tout le style, s'il est connu évidemment :

  •     La façon de bouger comme dans les li gong,
  •     L'intention des nei gong,
  •     La lenteur des exercices de structure,
  •     La vitesse des exercices de fa jin,
  •     Les lignes de boxe des enchaînements de combat,
  •     Les groupes liés des petites formes rapides.

Il existe trois formes distinctes dans le Taijiquan de la famille Li :

  •     La "boxe longue",
  •     La "boxe spirale",
  •     Le "poing canon".

La boxe longue est une forme qui se pratique très lentement dans la phase d'apprentissage, mais qui doit se travailler à toutes les vitesses quand on a acquis les bases. Les accélérations et les changements de rythme développeront les qualités de déplacements pour le combat.

La boxe spirale est la particularité "cachée" de la boxe taiji de la famille Yang. C'est une forme qui développe les qualités martiales et "l'enroulement du chi" en vue de développer un corps puissant et en bonne santé. C'est la forme qui enseigne les fa jin de l'école.

Le poing canon est la forme de combat du style, une forme qui combine les forces internes et les déplacements pour une utilisation applicable. C'est avec cette forme que l'on applique les fa jin dans des applications de combat.

Il y a trois stades d'évolution au sein de l'apprentissage et de la pratique de la longue forme :

  •     Les bases : former la structure,
  •     Apprentissage : apprendre les formes,
  •     La pratique : acquérir la liberté.

Dans les bases, il est important de faire attention à 5 points :

  •     Détendre le corps et calmer l'esprit,
  •     Garder le corps droit,
  •     Faire attention à chaque détail technique,
  •     Garder le corps léger, agile et équilibré,
  •     Être détendu, naturel et souple.

Dans l'apprentissage, il y a trois points :

  •     Coordonner les mouvements à travers tout le corps,
  •     Bouger avec grâce, douceur et naturellement,
  •     Déplacer chaque parcelle du corps au cours de chaque mouvement.

Dans la phase de pratique nous distinguons trois points :

  •     Diriger le corps par une sensation consciente,
  •     Faire une distinction claire entre le vide et le plein (placement conscient du corps),
  •     Nourrir le corps par le chi et combiner la force interne et externe,
  •     Laisser aller le corps dans un mouvement uni dans le Shen (esprit).

Il y a dans notre école dix points importants pour la pratique du Taijiquan de la famille Li :

  •     Tenir la tête droite, être calme et naturel,
  •     Garder les épaules et les coudes vers le bas,
  •     Étirer les bras et vider la force des aisselles,
  •     Relâcher les doigts et libérer les poignets,
  •     Détendre la poitrine et occuper l'espace avec son dos,
  •     Décrisper la taille et redresser la colonne vertébrale,
  •     Lâcher les hanches et les fessiers,
  •     Maintenir la sensation du périnée et du centre,
  •     Garder les genoux fléchis et les hanches lâches,
  •     Conserver les genoux souples et les pieds enracinés dans le sol.

La Taijiquan est une boxe complète qui ne demande aucun ajout, c'est un style de la famille des arts internes, à ne pas confondre avec arts "mous"…

dimanche 9 août 2009

Les Formes d'Entrainement

Dans tous les arts martiaux traditionnels on retrouve l'idée de faire des mouvements chorégraphiés prédéfinis qui symbolisent souvent un combat dans le vide ou une boxe avec son ombre. A part pour les styles de sabre et quelques styles plus rares, les formes sont une pratique solitaire qui vise à affiner sa technique et à mieux comprendre les mouvements qui caractérisent son art.

Les formes sont pratiquées à mains nues ou avec une arme et sont censées aider à maîtriser sa technique, son mouvement, sa respiration et à changer sa façon de bouger. Dans le concept c'est très intéressant ; pouvoir pratiquer exactement les mouvements que l'on va utiliser dans la vie peut être très utile pour renforcer les schémas neuromusculaires. Mais en réalité les formes n'ont que peu d'utilité. Elles sont importantes pour la compétition et pour les démonstrations, pas vraiment pour le combat ni pour le travail énergétique.

Je ne m'étendrai pas sur les détails de la compétition ni des démonstrations puisque ce n'est pas ce qui nous intéresse ici. Par ailleurs comme le travail énergétique demande une grande concentration, il est recommandé d'utiliser des mouvements plus simples que ceux que l'on peut trouver dans les formes. Du point de vue du combat, l'idée de travailler des combinaisons de frappes est intéressante pour délier les articulations et faire travailler les muscles. En revanche, c'est une pratique néfaste dans le cas où l'on cherche à appliquer les mêmes combinaisons lors de vrais combats.

L'idée du combat est proche de l'idée du chaos, rien n'est planifié et rien n'est déterminé.

Si on s'oblige à faire des mouvements prédéfinis on va rapidement contre son instinct qui reste la valeur la plus sûre en combat. Il y a pourtant plusieurs intérêts évidents à pratiquer des formes quotidiennement. D'abord, il est important de s'assouplir en utilisant des formes complexes qui feront également travailler la coordination du corps.

Répéter une forme régulièrement aide à mieux positionner son corps dans l'espace. Ensuite, si les formes sont longues et dynamiques elle permettent aux pratiquants de développer une meilleure condition physique. Mais on retrouve les intérêts que je viens d'énumérer dans la gymnastique. Si cette dernière nous offre les mêmes possibilités que les arts de combat, pourquoi s'embêterait-on à pratiquer des arts de combat ?

Il faut savoir qu'aujourd'hui 95 % des formes que l'on connaît datent de 200 ans à peu près, ce qui correspond à une période où les arts martiaux sont sortis du secret pour devenir un business. Ce ne sont plus des formes qui montrent l'Essence d'un art mais des formes adaptées pour la démonstration. De plus elles représentent une manière de se battre et des concepts de combat qui ne sont plus du tout d'actualité.

Pour n'en citer que trois : certains coups de pieds sautés que l'on employait contre les cavaliers, des mouvements complexes visant à dénuder le cou d'un adversaire qui portait une armure où les techniques de désarmement contre un guerrier munit d'une lance.

Les formes qui ont un intérêt profond sont des formes comportant des mouvements très simples et répétitifs. Pourquoi faire une forme et pas directement répéter ces mouvements me direz-vous ? Si on regarde les progrès qu'ont fait les sportifs (pour prendre cet exemple) en entraînant la course sur 100 m, on s'aperçoit qu'un athlète olympique du début du siècle et un athlète de l'année dernière n'ont pas du tout les mêmes performances. La raison en est qu'aujourd'hui on a une bien meilleure compréhension des entraînements physiques et des méthodes qu'autrefois. La meilleure façon de former le corps sera de respecter un ordre dans la manière de s'entraîner: on commencera par le corps, on essaiera de coordonner la respiration avec les mouvements, c'est seulement ensuite que l'on abordera les techniques méditatives qui ont pour but de calmer les émotions négatives et décupler l'intention. Là se trouve le début du travail énergétique.

Voyons déjà comment former le corps.

Ce dernier se compose de plusieurs segments et la logique veut que l'on entraîne chaque segment séparément des autres et que l'on unifie ensuite tout le corps dans chaque mouvement. Pour suivre la logique des arts taoïstes mais également pour éviter de transformer sa pratique en gymnastique de la mémoire, ces mouvements physiques serviront aussi bien à la méditation, qu'au chi kung, qu'aux arts de combat.

Pour commencer on prendra les groupes musculaires attachés aux articulations les plus statiques et les plus tendues du corps (les épaules et les hanches semblent être de celles-ci). On passera ainsi en revue chaque groupe musculaire et chaque articulation pour aboutir sur des parties plus fines telles que les doigts où les orteils. Chaque série d'exercices sera répétée chaque jour sur une période allant de deux à trois mois (on pourra toutefois allonger cette période en cas de résultats insuffisants).

On aura ensuite d'autres exercices adaptés aux segments les plus importants toujours sur un laps de temps défini. La pratique sera ensuite enrichie par différents exercices complémentaires s'accompagnant d'aides comme des objets, des élastiques ou des poids. On insistera sur la qualité de l'entraînement plutôt que sur la quantité. Pour cela, les exercices doivent être exécutés lentement afin d'être ressentis complètement et analysés.

Les membres sollicités doivent être en torsion/rotation pour obtenir l'effet " d'éponge ". Ils doivent être contrôlés à chaque instant pour que les schémas neuromusculaires s'inscrivent précisément dans la mémoire sensorielle du corps et bien sûr, pour être acquis, les exercices doivent être répétés chaque jour pendant une période donnée. La lenteur des exercices que l'on retrouve dans tous les arts internes chinois et dans certains yogas a pour utilité d'amener le pratiquant vers un contrôle total du mouvement. Effectuer les exercices trop rapidement nous empêche de laisser apparaître les imperfections qui se verraient si on effectuait le geste lentement.

On cherche les mouvements justes qui soient parfaitement alignés avec les articulations et qui respectent les lignes de force du corps. C'est seulement quand ce mouvement sera parfaitement intégré dans la lenteur puis dans la rapidité, que l'on pourra avoir un geste juste qui ne s'accompagne plus d'une concentration consciente. A ce stade on peut envisager de passer à des choses plus importantes comme déplacer l'énergie, réguler la respiration ou encore travailler sur les émotions. De plus, dans les conditions difficiles d'une confrontation physique (je parle ici des arts de combat) ou une période de maladie grave ( ce qui rejoint le chi kung), l'esprit est troublé.

Lorsque l'esprit ne peut plus se concentrer parfaitement, sans interférence, il faut alors pouvoir s'en remettre au corps qui lui ne se laisse pas perturber. C'est le principe de l'habitude: il faut des mois pour réussir à faire un trajet ou un geste sans y penser. En revanche, il est très difficile de faire varier ce geste ou de changer son trajet une fois que l'habitude est ancrée dans le corps. C'est la différence entre une répétition intellectuelle ou mentale et une habitude imprégnée dans les cellules du corps.

La torsion/rotation des muscles se retrouve dans tous les exercices de yoga et de stretching : l'idée est de vider le sang d'une zone musculaire précise par des mouvements " d'essorage " et de torsion (c'est le principe de l'éponge que l'on vide de son eau), puis de laisser le sang remplir le muscle de nouveau quand on relâche la pression. La répétition de ces mouvements va permettre d'augmenter la vascularisation de la zone visée. Dans les textes chinois traditionnels on dit que là où il y a le sang il y a l'énergie et là où il y a l'énergie il y a le sang. Donc augmentation de circulation sanguine est synonyme d'augmentation de circulation énergétique.

A la différence des formes dont nous avons parlées plus haut, on peut déjà voir que ce n'est plus de gymnastique dont il s'agit mais bien de chi Kung. L'association de toutes ces sensations, ces respirations, du déplacement de l'énergie et de la régulation des émotions permet d'avoir un style de chi kung en tous points similaire (extérieurement) aux mouvements des arts de combat. Ces derniers sont des mouvements simples et précis qui solliciteront peu la mémoire puisque chaque déplacement du corps et chaque geste sont des enchaînements fluides et logiques. Il est évident que les mouvements pour le combat seront ancrés dans le corps comme le seront les mouvements de chi kung.

C'est ainsi qu'un mouvement de chi kung très avancé peut sembler simple extérieurement, de même qu'un petit mouvement martial pourra développer une grande puissance au moment de l'impact. Plus on avance dans les arts taoïstes et plus on réalise que tous les mouvements extérieurs prennent les mêmes directions dans les trois dimensions.

Chaque geste évolue dans l'espace dans une des six directions.

Que l'on fasse "séparer la queue de l'oiseau" ou "la grue blanche déploie ses ailes" en tai chi, "la forme du cheval" en hsing yi, "le sixième changement de paume" en pa kua, cela reste dans tous les cas un uppercut à 45 degrés et rien de plus. Si au lieu de perdre son temps à effectuer toutes ces formes sans vraiment savoir pourquoi, on travaillait directement la direction qui nous intéresse (diagonale remontant ) on irait plus facilement droit au but. Si on développait des méthodes d'entraînement pour que ce déplacement dans ces différentes dimensions soit plus précis et fasse participer tout le corps, on gagnerait du temps.

Ce temps gagné on pourrait alors l'utiliser pour des choses plus importantes que les mouvements physiques. On pourrait l'employer pour le travail mental, émotionnel et énergétique. On réduirait ainsi le nombre des mouvements pratiqués en augmentant la qualité et la compréhension de ceux-ci. Avec l'habitude de travailler sur les concepts, les trois dimensions et les six directions, il n'y aura plus aucune limite au nombre de techniques que l'on peut expliquer ou utiliser sans pour autant perdre son temps à pratiquer des formes sans intérêt que l'on ne sait pas appliquer dans les arts de combat ou dans les arts de santé.

Ces entraînements permettent de faire travailler tout le corps et à chaque fois de progresser en utilisant les mêmes gestes quel que soit le travail intérieur. Chaque partie du corps sera plus forte et la totalité de celui-ci sera en meilleure santé. Chaque mouvement naturel sera une technique efficace pour les arts de combat et pour les arts de santé. Jamais on ne se demandera plus : "s'il me fait la grue blanche qui mange les feuilles, puis-je faire le tamarin volant ou devrais-je opter pour le tourniquet mortel?".

dimanche 19 juillet 2009

Punch !



Voyons les détails qui vont permettre de développer un impact maximum.

Nous parlons ici de la force «évidente», de la force brutale d’une frappe de poing arrière, linéaire arrière-avant.

Il est important de ne pas confondre la force d’impact avec la force physique.

Bien souvent, un grand puncheur est plutôt «costaud», mais ce n’est pas nécessaire.
Dans ma tradition, on recommande de travailler ses formes de corps, sa souplesse et sa coordination avant de chercher à travailler la force pure.

L’ensemble du travail de la structure va dans le sens de la force d’impact.

Avant tout, il faut comprendre la mécanique du geste avant de penser à frapper sur quelque chose.

Voyons les détails de bas en haut :

  • - Les pieds sont au posés et centrés au sol, le reste du corps dépendant de cette fondation.
  • - Le pied arrière va pousser le poids légèrement vers l’avant, démarrant le geste.
  • - Le genou avant se plie un peu, restant dans l’alignement des orteils.
  • - La poussée se répercute sur les hanches qui entraînent la taille, pour servir de base à l’union des épaules et du grand dorsal.
  • - La rotation du tronc va propulser l’épaule de frappe vers l’avant qui reste basse et liée par le grand dorsal.

L’ensemble du mouvement permet de laisser partir le bras vers l’avant incluant ces détails :

  • - Pas de tension dans le bras et l’avant bras,
  • - Aligner la zone de frappe, le poignet et la pointe de l’épaule,
  • - Laisser le coude en bas et l’épaule liée au grand dorsal,
  • - Regarder où on frappe.

A l’impact, le coude ne doit pas être plié, mais il ne doit pas être tendu... la distance de frappe est donc primordiale pour obtenir une frappe vraiment fulgurante.
Le poing doit être tenu, mais pas tendu. Si le poing est vraiment serré, il sera possible de faire des frappes de "bourrins", mais pas les frappes plus subtiles.

Le poing aura plus de puissance dans l’alignement de l’épaule opposée.

Une grande partie de la force d’impact peut être annihilée si on retient son souffle, si on coince son diaphragme. De plus, des frappes en rétention de souffle vont fatiguer beaucoup plus que des frappes avec le souffle lâché.

Il faut travailler dans le vide avec une recherche de sensation, lentement et en relaxation... il ne faut pas être pressé de travailler vite (et ce n’est pas vraiment nécessaire).

Plus le geste est direct, moins il y a de parasites, moins il y a de «fuites de force».
Donc, même lentement, il faut passer d’une immobilité totale à un geste décisif.

Il est conseillé de ne pas mettre l’attention sur la main qui frappe ou sur le bras (cela crée des tensions), mais sur la rotation et la mobilisation du dos.

Dès que le geste est suffisamment lâché, et sans parasites (en tout cas, le moins possible), il faut taper sur des "trucs" (plutôt un sac mou, mais assez lourd par exemple).

Traditionnellement, dans notre école, on frappe un poteau de bois. On commence par pousser, frotter et ensuite percuter violemment le poteau. Le travail au sac vient plus tard.

Nous verrons des exercices spécifiques qui développent la force d’impact dans un autre texte (travail des poids, des cibles, des anneaux de fer...).

Nous ne parlons pas ici du travail de précision, de structure ou de vitesse qui vont évidemment déterminer l'efficacité de la percussion.

lundi 29 juin 2009

dimanche 28 juin 2009

Adrénaline : assistance à personne en danger


Dans les temps primitifs du développement de l’humanité, les êtres humains devaient lutter pour survivre. Tous les jours, pour manger et vivre, les hommes défiaient la mort.

La confrontation à la possibilité de disparaître était aussi présente que la vie elle-même. Nous n’avons pas tant changé que cela : notre système immunitaire fonctionne encore comme au temps de la survie.

La réponse aux stress importants déclenche une libération d’adrénaline qui permet de faire face aux deux possibilités les plus importantes : fuir ou combattre (" fight or flight syndrome "). Cette décharge nous permet d’avoir une fonction neuromusculaire accrue et de mieux résister aux douleurs.

Dans notre société aseptisée et déresponsabilisée, nous sommes peu confrontés à ces mécanismes extrêmes du corps, du coup, ils finissent par nous surprendre. Nous prenons cette sensation normale d’assistance à personne en danger comme une manifestation pathologique de notre faiblesse face à une situation : cela nous submerge ou nous paralyse au lieu de nous porter dans notre choix d’action ou de fuite.

Dans la conduite d’une voiture, il est demandé d’embrayer puis d’accélérer. Si vous le faites, vous aurez un mouvement qui dépend de la force avec laquelle vous pousser votre machine. Si vous accélérer sans embrayer une vitesse, vous avez un bruit terrible, un tremblement de la structure et un certain étonnement du conducteur qui ne voit pas le mouvement attendu. L’adrénaline provoque le même phénomène chez l’homme : si nous apprenons à nous en servir, c’est une aide inestimable, sinon cela ne fait que nous perturber.

Il nous faut maintenant reconnaître les différentes manifestations de ces décharges dans notre corps. Il existe cinq grandes manifestations de nos peurs et de nos angoisses qui vont correspondre à des libérations problématiques d’adrénaline :

  • L'angoisse d’anticipation,
  • La peur d’avant confrontation,
  • La peur dans la confrontation,
  • La deuxième dose dans la confrontation,
  • L'angoisse d’après la confrontation.

Par nos angoisses quotidiennes pathologiques, nous relâchons sur des longues périodes de petites doses d’adrénaline sans but ni cause précis.

Une confrontation possible avec le conjoint, le chef de service, les " collègues " de travail, provoque cette angoisse inutilement. Plus le corps s’habitue à cette libération constante d’adrénaline, plus le sujet sera tendu, agité et inapte à répondre à une situation réelle d'urgence. La constante stimulation du système, sans raison et sans action, est comme une voiture non embrayée qui accélère sans cesse, brûlant ainsi le moteur.

La supputation compulsive de situations conflictuelles possibles nous détruit et rend notre quotidien laborieux. Autant lutter contre les situations qui se présentent plutôt que de combattre des moulins à vent. De plus, après un certain temps, cette énergie inutilisée, stagnante et " qui chauffe ", va se retourner contre une personne plus faible que nous dans notre quotidien : un conjoint, un enfant ou un petit animal familier (si on est vraiment faible et pitoyable). Cette douce libération de " poison " doit être identifiée et sublimée pour ne pas nous détruire.

C’est une angoisse, donc du domaine du monde des pensées. C’est un travail d’alchimie interne qui commence avec le chi kung.

Dans la planification d’une confrontation réelle, il est normal d’avoir peur. Cette stimulation nous prépare pour une réalité. Que ce soit pour la demande d’une augmentation, la perspective d’une rupture avec un proche, d’un combat sportif ou pour sa vie, la sensation va croître jusqu’à la manifestation de l’événement.

Cette peur peut être celle de la défaite comme celle du succès. Cette décharge d’adrénaline dure assez longtemps et devient inutile. Il est très difficile de ne pas être la victime de cette période d’attente, souvent bien plus terrible que ce que nous attendons réellement.

C’est du domaine de " calmer l’esprit ", mais cela représente un niveau de pratique avancé.

Dans une situation conflictuelle, et suivant notre niveau de connaissance de ces phénomènes, nous aurons une décharge violente et enrobante d’adrénaline.

Selon notre réalité, nous serons dépassé par l’envol d’un moineau ou par un combat à la baïonnette dans la nuit noire. Plus nous sommes intime avec ces décharges et ces situations, plus nous vivons celles-ci pleinement, dans l’abandon. La réponse sera d’autant plus juste si notre intellect ne participe pas : nous sommes dans la réponse instinctive qui dépend directement d’une adaptation aux perceptions ; l’esprit mental compulsif n’y a pas sa place.

Nous pourrons doucement nous familiariser avec nos réactions dans une exposition progressive à nos peurs. Ainsi nous serons plus apte à répondre normalement à la vie, dans une non résistance typique du taoïste.

Dans une situation de conflit avec la vie, nous pouvons mal juger une situation. Cette erreur de jugement peut nous apparaître subitement dans la réalisation de la confrontation : de nouveau nous passons par une peur de faillir ou de réussir qui va nous donner une " deuxième tournée " de libération brutale de stimulant naturel.

Trop souvent ignorée par les savants trop casaniers dans leurs études sur la peur, la deuxième vague peut briser notre action dans sa réalisation. Confiant de nos capacités, mais surpris par la tournure de la réalité, nous pouvons être mis KO par ce phénomène.

Une imagination fantasmatique, nourrie d’espoirs et de rêves, peut être à l’origine de la différence entre nos projections et la réalité. J’aime l’image du combattant de salon qui frappe réellement pour la première fois sur un adversaire. Il est sûr du pouvoir immensément destructeur de son poing d’acier et il est surpris par l’absence absolue de résultat sur l’autre en face de lui.

L’imaginaire et les livres bon marché lui assuraient la victoire pourtant, mais la réalité n’est pas aussi séduisante. Il peut être parti au combat fort de ses illusions et recevoir " une deuxième vague " de peur qui va au pire le paralyser, au mieux le faire fuir.

Un mari qui veut rompre avec sa femme peut être sûr de lui et de sa puissance jusqu’au moment de la confrontation finale où c’est sa compagne qui le quitte.

Son univers d’homme décisionnaire peut être la source d’une décharge mémorable d’adrénaline. L’exposition aux peurs va aider à mettre le niveau de réponse à la peur à un degré agréable pour la vie de tous les jours : Ce niveau diffère selon que l’on est couturier ou agent des forces spéciales.

Après le conflit, une libération " traînante " subsiste et relâche les tensions résiduelles. Que la confrontation soit un succès ou non, il y a à ce moment là une sensation souvent violente qui conclue cette expérience finalisée.

Les émotions qui vont être liées à la résolution heureuse ou non de la confrontation vont rendre ce moment facilement perceptible ou pas. Lorsqu'on est très heureux du succès d’une confrontation, la décharge correspondante finale peut se confondre avec les signes émotifs exprimés, mais c’est de tout façon là.

Plus la phase de confrontation sera non résolue, plus cette phase sera violente. Si l’ensemble des étapes ne se conclut pas dans une résolution franche, les résidus seront très présents et très encombrants.

Comment reconnaître ces manifestations de la libération de l’adrénaline ?

Les résultas d’une décharge lente, le type 1 de l’angoissé et le type 2, sont bien plus dangereux et peuvent devenir chroniques. Les mêmes symptômes peuvent exister pour une mauvaise réaction psychologique au type 5, la décharge d’après coup, c’est l’état de choc.

Nous avons quatre grands symptômes :

  • La perte du sommeil ou sommeil perturbé,
  • La perte de l’appétit ou perte de poids,
  • Les syndromes dépressifs,
  • L'hypertension artérielle et palpitations.

En ce qui concerne les libérations violentes du moment même de la confrontation, du conflit, nous trouvons cinq manifestations générales :

  • une agitation qui part des battements du cœur pour faire trembler le corps en entier (voix comprise),
  • un manque de salive et une suée spontanée (mains comprises),
  • une vision en " tunnel " qui réduit la vision périphérique (utile mais dangereuse),
  • une nausée possible ou une envie d’aller aux toilettes,
  • une distorsion du temps qui peut paraître plus long ou plus court.

Voilà pour les manifestations répertoriées comme les plus fréquentes dans les études sur la peur et la biochimie de celle-ci.

Pour retrouver une certaine détente dans ces situations, une normalité de fonctionnement, nous avons trois concepts essentiels :

  • accepter par une compréhension intellectuelle et expérimentale des mécanismes du corps,
  • sentir la décharge d’adrénaline sans la confondre avec de la faiblesse,
  • utiliser, se servir de ce plus naturel pour " fuir ou combattre " la situation.

Nous pourrons détailler ultérieurement ces étapes.

samedi 27 juin 2009

Les Formes ne servent à Rien


Je parle ici des formes chorégraphiées et composées de plusieurs techniques singées dans le vide.

J'ai eu la chance de rencontrer de nombreux pratiquants talentueux et des maîtres en art martial, ceux-ci partagèrent avec moi des formes et des exercices que je pratique aujourd'hui encore.
Après tout ce temps, j'ai envie de dire : que ce soit pour le combat, pour le développement énergétique ou pour l'aspect spirituel, les formes ne servent à rien.

En matière de combat, les exercices qui modifient les qualités principales du pratiquant (c'est à dire sa force et son "cœur"), suffisent à préparer la base pour aborder la confrontation physique.

Les formes ne donnent qu'une illusion de techniques infaisables et fantasmatiques. Elles prennent un temps précieux au pratiquant qui ferait mieux de travailler sérieusement… Mais je n'ai jamais rencontré de combattant qui n'avait pas une bonne formation technique, basée sur le travail des formes, ou du moins des formes de corps. Il existe bien quelques forces de la nature, plutôt teigneux et rugueux… mais qui sortent du cadre des pratiquants.
Pour l'utilisation des "vecteurs de force", pour le respect de la structure dans l'action et du transfert de la force, la répétition des formes est peut être une bonne idée. De plus, la fluidité du geste, non parasité par les pensées puisque le mental a eu le temps d'intégrer l'apprentissage de la forme, permet d'enchaîner les frappes… de garder l'équilibre… hummmm.
Je ne parle pas des mouvements "uniques", ceux que l'on entraîne plus tard pour "sortir le jing", mais des formes "dansées".

Pour le travail de la circulation du sang, donc de l'énergie, il suffit de se relaxer, et "ça va venir"… Quelle idée de faire des mouvements qui sont sensés "faire circuler l'énergie" ou encore "ouvrir les méridiens" ! Pourtant, il est évident que certains gestes développent et renforcent certaines parties du corps. Ce développement amène une meilleure circulation, donc une circulation accrue de l'énergie. Se pourrait-il que des petits malins aient regroupés ces mouvements pour en extraire des "formes" ? Si ça n'a pas été fait, ça me semble une bonne idée.
Les formes que j'ai pu découvrir dans les arts internes d'influence taoïstes, celles qui ne datent pas d'avant hier, ont cette caractéristique de promouvoir une circulation équitable dans l'ensemble de la structure physique, de "tirer" sur les trajets des méridiens de la médecine chinoise et tout cela dans une dépense minimale de gestes. On peut faire sans, mais comme c'est déjà là….

Pour la pratique spirituelle, qui n'intéresse que peu de monde, je ne dirai rien… mais je n'en pense pas moins.

Les formes ne servent pas pour le combat, mais leur pratique va "détendre" et renforcer les qualités du combattant. Elles occupent une place bizarre, inutiles mais indispensables…
Les formes ne servent à rien, mais sans la pratique de celles-ci, la route semble plus longue.

Un paradoxe !

Je pratique les "routines" depuis toujours, je les crois utiles.
Mais il me semble qu'il y a un paradoxe concernant leur rôle : elles ne servent pas pour les raisons pour lesquelles elles sont pratiquées.

Les sportifs ou les pratiquants des sports de combat ne connaissent pas cette pratique. Ils se concentrent sur les "mouvements uniques", les techniques et leurs applications.

Dans les arts internes, l'entraînement des formes est souvent suivit par l'entraînement des mouvements uniques. Ce sont des gestes souvent extraits des formes, qui se travaillent isolément, pour rentrer dans le "non pensé", et pour apprendre à sortir la force.

Chaque geste sera ensuite travaillé pour devenir plus puissant et plus détendu, le tout intégré ensuite à la forme liée.

Les exercices et les méthodes d'entraînement pourraient suffire, comme dans le yi chuan par exemple, mais pourtant, le goût n'est pas le même.
Il y a quelque chose de "magique" dans les formes, une étincelle du passé, un contact avec autre chose.
Je suis amateur de formes rares ou anciennes, pour le plaisir de l'esprit ou pour apprendre une façon de "sortir" le jing dans un système précis. En même temps, elles me semblent peu utiles, mais toutefois indispensables.

Parmi les professeurs que j'ai rencontrés, pas un seul ne pratiquait encore les formes, ou seulement pour les enseigner. Par contre, ils avaient souvent une pratique libre, nourrie par les formes qu'ils avaient pratiquées auparavant. A un certain niveau de liberté du corps et de l'esprit, la forme ne peut se contenir dans sa structure pré-établie, mais sans forme la liberté est dure à trouver.

Le rôle des "routines" est beaucoup plus fin que ce qu'il y paraît.

Il y a les mouvements de base, qui se travaillent au début.

Les exercices et méthodes d'entraînement des arts internes, les 'nei gong" et "wai gong", vont faire de ces mouvements des gestes qui vont pouvoir acquérir puissance et décontraction.

On apprend ensuite les formes, danses structurées qui incorporent les mouvements de base.

Dans ces "routines", les mouvements de base sont souvent utilisés différemment que dans les exercices de base, on leur donne une liberté et un mouvement supplémentaires. La liaison entre les gestes, la combinaison des mouvements et la continuité de la force au fil de la forme doit faire l'objet d'un travail spécifique.

La gestion de la distance et les concepts de combat vont émerger de la mise en "forme" des gestes de base.

Dans les arts internes, les techniques de base sont souvent plus axées sur le développement du corps et de son mouvement que sur les "frappes" de base. Les frappes sont souvent pratiquées plus tard, dans les exercices de sortie de force des "mouvements uniques".


Pour quelles raisons devrait on pratiquer les formes aujourd'hui ?

Je pense qu'il y a encore trois bonnes raisons de le faire :

- préparer le corps pour les mouvements du style,

- regrouper toutes les techniques qui forment le style,

- concentrer les "utilisations" du style dans une forme.

Dans la forme il sera possible de combiner la façon de bouger, la mécanique du mouvement, les concepts de combat et la gestion de la distance. Aucun de ces principes ne sera véritablement visible, ils peuvent demeurer transparents dans notre pratique si les méthodes d'entraînement ne sont pas connues.

Le problème est que, au fil des siècles, les mouvements ont évolué en tant que mouvements et non en tant que principes. Ce qui fait qu'un geste créé à l'origine pour mener une action précise, souvent ignorée du pratiquant, peut être modifié ensuite sans que le pratiquant n'en comprenne la raison. Il en résultera une forme plus "jolie", plus adaptée au jeune maître, mais plus éloignée de la création originale. Petit à petit, le style perd de son "cœur" et nourrit son "enrobage".

De plus, les techniques qui furent utilisables il y a longtemps, dans une situation précise, sont obsolètes aujourd'hui. Je pense tout particulièrement à des techniques qui viennent des combats en armures, ou destinées à combattre des cavaliers, qui semblent inutiles pour la rue d'aujourd'hui. Même si on peut aussi être gagné de malchance et être attaqué par un cavalier en armure !

Chaque mouvement des formes doit être entraîné pour exprimer de la puissance, de la vitesse tout en restant décontracté. Sans cet entraînement, les formes sont "vides", et même si les gestes sont là, ils manquent de force et de précision, ils ne servent à rien, mais c'est joli.

Pour que l'art soit vivant, il doit évoluer.

Un maître fier d'avoir une forme qui n'a pas changée depuis la création de son style sous tend deux travers : le premier est que si son style est "utilisable", il décrète que les façons de se battre n'ont pas évoluées, le deuxième est que les gens sont devenus idiots ces dernières décennies et donc incapables d'évoluer ou de penser.

Après avoir maîtrisé son art, je redis ça : après avoir maîtrisé son art, il est souhaitable de le faire évoluer si besoin, ou de le laisser comme tel.

Les nouvelles connaissances des gens en anatomie, en entraînement cardio-vasculaire, les techniques d'accroissement de la proprioception, la compréhension de l'augmentation de la force et les exercices d'entraînement de la vitesse… tout cela peut nous amener à une évolution de notre façon de pratiquer. Si on préfère ignorer toutes ces connaissances, et pratiquer comme il y a 300 ans, c'est un choix… qui fait bien souvent perdre son temps, un temps si précieux dans la pratique.

"Il faut trouver en chaque chose le juste milieu", je pense que c'est la solution. Les formes traditionnelles doivent se nourrir de la connaissance d'aujourd'hui, mais il ne faut pas renoncer à la profondeur du savoir des anciens, à la magie de la transmission du savoir.

La spécificité de bon nombre d'arts internes réside dans l'apparente innocence des pratiques.

Pour développer profondément des changements dans le corps et l'esprit de l'adepte, il est important de ne pas lui donner des exercices trop "clairs", sinon il va chercher à y mettre force et vitesse.

Si on peut s'entraîner sans "intention" sur une transformation, tout est plus facile. Reproduire des gestes qui expriment la force à travers un corps non préparé, ou développer de la puissance dans une enveloppe fragile, c'est mettre un canon lourd dans une barque : au premier coup de feu, l'embarcation coule.

Dans les arts internes, on privilégie la préparation de la structure à son utilisation. La forme va permettre de tester la structure, à travers une danse élégante et qui résume les théories du style. Après de nombreuses années de compréhension par la pratique, les exercices et méthodes d'entraînement vont nourrir la forme qui va "enseigner" au pratiquant.

Pour toutes ces raisons, les formes "sont" les arts anciens, "l'âme" des styles et donc elles ne "servent" à rien.