lundi 29 juin 2009

dimanche 28 juin 2009

Adrénaline : assistance à personne en danger


Dans les temps primitifs du développement de l’humanité, les êtres humains devaient lutter pour survivre. Tous les jours, pour manger et vivre, les hommes défiaient la mort.

La confrontation à la possibilité de disparaître était aussi présente que la vie elle-même. Nous n’avons pas tant changé que cela : notre système immunitaire fonctionne encore comme au temps de la survie.

La réponse aux stress importants déclenche une libération d’adrénaline qui permet de faire face aux deux possibilités les plus importantes : fuir ou combattre (" fight or flight syndrome "). Cette décharge nous permet d’avoir une fonction neuromusculaire accrue et de mieux résister aux douleurs.

Dans notre société aseptisée et déresponsabilisée, nous sommes peu confrontés à ces mécanismes extrêmes du corps, du coup, ils finissent par nous surprendre. Nous prenons cette sensation normale d’assistance à personne en danger comme une manifestation pathologique de notre faiblesse face à une situation : cela nous submerge ou nous paralyse au lieu de nous porter dans notre choix d’action ou de fuite.

Dans la conduite d’une voiture, il est demandé d’embrayer puis d’accélérer. Si vous le faites, vous aurez un mouvement qui dépend de la force avec laquelle vous pousser votre machine. Si vous accélérer sans embrayer une vitesse, vous avez un bruit terrible, un tremblement de la structure et un certain étonnement du conducteur qui ne voit pas le mouvement attendu. L’adrénaline provoque le même phénomène chez l’homme : si nous apprenons à nous en servir, c’est une aide inestimable, sinon cela ne fait que nous perturber.

Il nous faut maintenant reconnaître les différentes manifestations de ces décharges dans notre corps. Il existe cinq grandes manifestations de nos peurs et de nos angoisses qui vont correspondre à des libérations problématiques d’adrénaline :

  • L'angoisse d’anticipation,
  • La peur d’avant confrontation,
  • La peur dans la confrontation,
  • La deuxième dose dans la confrontation,
  • L'angoisse d’après la confrontation.

Par nos angoisses quotidiennes pathologiques, nous relâchons sur des longues périodes de petites doses d’adrénaline sans but ni cause précis.

Une confrontation possible avec le conjoint, le chef de service, les " collègues " de travail, provoque cette angoisse inutilement. Plus le corps s’habitue à cette libération constante d’adrénaline, plus le sujet sera tendu, agité et inapte à répondre à une situation réelle d'urgence. La constante stimulation du système, sans raison et sans action, est comme une voiture non embrayée qui accélère sans cesse, brûlant ainsi le moteur.

La supputation compulsive de situations conflictuelles possibles nous détruit et rend notre quotidien laborieux. Autant lutter contre les situations qui se présentent plutôt que de combattre des moulins à vent. De plus, après un certain temps, cette énergie inutilisée, stagnante et " qui chauffe ", va se retourner contre une personne plus faible que nous dans notre quotidien : un conjoint, un enfant ou un petit animal familier (si on est vraiment faible et pitoyable). Cette douce libération de " poison " doit être identifiée et sublimée pour ne pas nous détruire.

C’est une angoisse, donc du domaine du monde des pensées. C’est un travail d’alchimie interne qui commence avec le chi kung.

Dans la planification d’une confrontation réelle, il est normal d’avoir peur. Cette stimulation nous prépare pour une réalité. Que ce soit pour la demande d’une augmentation, la perspective d’une rupture avec un proche, d’un combat sportif ou pour sa vie, la sensation va croître jusqu’à la manifestation de l’événement.

Cette peur peut être celle de la défaite comme celle du succès. Cette décharge d’adrénaline dure assez longtemps et devient inutile. Il est très difficile de ne pas être la victime de cette période d’attente, souvent bien plus terrible que ce que nous attendons réellement.

C’est du domaine de " calmer l’esprit ", mais cela représente un niveau de pratique avancé.

Dans une situation conflictuelle, et suivant notre niveau de connaissance de ces phénomènes, nous aurons une décharge violente et enrobante d’adrénaline.

Selon notre réalité, nous serons dépassé par l’envol d’un moineau ou par un combat à la baïonnette dans la nuit noire. Plus nous sommes intime avec ces décharges et ces situations, plus nous vivons celles-ci pleinement, dans l’abandon. La réponse sera d’autant plus juste si notre intellect ne participe pas : nous sommes dans la réponse instinctive qui dépend directement d’une adaptation aux perceptions ; l’esprit mental compulsif n’y a pas sa place.

Nous pourrons doucement nous familiariser avec nos réactions dans une exposition progressive à nos peurs. Ainsi nous serons plus apte à répondre normalement à la vie, dans une non résistance typique du taoïste.

Dans une situation de conflit avec la vie, nous pouvons mal juger une situation. Cette erreur de jugement peut nous apparaître subitement dans la réalisation de la confrontation : de nouveau nous passons par une peur de faillir ou de réussir qui va nous donner une " deuxième tournée " de libération brutale de stimulant naturel.

Trop souvent ignorée par les savants trop casaniers dans leurs études sur la peur, la deuxième vague peut briser notre action dans sa réalisation. Confiant de nos capacités, mais surpris par la tournure de la réalité, nous pouvons être mis KO par ce phénomène.

Une imagination fantasmatique, nourrie d’espoirs et de rêves, peut être à l’origine de la différence entre nos projections et la réalité. J’aime l’image du combattant de salon qui frappe réellement pour la première fois sur un adversaire. Il est sûr du pouvoir immensément destructeur de son poing d’acier et il est surpris par l’absence absolue de résultat sur l’autre en face de lui.

L’imaginaire et les livres bon marché lui assuraient la victoire pourtant, mais la réalité n’est pas aussi séduisante. Il peut être parti au combat fort de ses illusions et recevoir " une deuxième vague " de peur qui va au pire le paralyser, au mieux le faire fuir.

Un mari qui veut rompre avec sa femme peut être sûr de lui et de sa puissance jusqu’au moment de la confrontation finale où c’est sa compagne qui le quitte.

Son univers d’homme décisionnaire peut être la source d’une décharge mémorable d’adrénaline. L’exposition aux peurs va aider à mettre le niveau de réponse à la peur à un degré agréable pour la vie de tous les jours : Ce niveau diffère selon que l’on est couturier ou agent des forces spéciales.

Après le conflit, une libération " traînante " subsiste et relâche les tensions résiduelles. Que la confrontation soit un succès ou non, il y a à ce moment là une sensation souvent violente qui conclue cette expérience finalisée.

Les émotions qui vont être liées à la résolution heureuse ou non de la confrontation vont rendre ce moment facilement perceptible ou pas. Lorsqu'on est très heureux du succès d’une confrontation, la décharge correspondante finale peut se confondre avec les signes émotifs exprimés, mais c’est de tout façon là.

Plus la phase de confrontation sera non résolue, plus cette phase sera violente. Si l’ensemble des étapes ne se conclut pas dans une résolution franche, les résidus seront très présents et très encombrants.

Comment reconnaître ces manifestations de la libération de l’adrénaline ?

Les résultas d’une décharge lente, le type 1 de l’angoissé et le type 2, sont bien plus dangereux et peuvent devenir chroniques. Les mêmes symptômes peuvent exister pour une mauvaise réaction psychologique au type 5, la décharge d’après coup, c’est l’état de choc.

Nous avons quatre grands symptômes :

  • La perte du sommeil ou sommeil perturbé,
  • La perte de l’appétit ou perte de poids,
  • Les syndromes dépressifs,
  • L'hypertension artérielle et palpitations.

En ce qui concerne les libérations violentes du moment même de la confrontation, du conflit, nous trouvons cinq manifestations générales :

  • une agitation qui part des battements du cœur pour faire trembler le corps en entier (voix comprise),
  • un manque de salive et une suée spontanée (mains comprises),
  • une vision en " tunnel " qui réduit la vision périphérique (utile mais dangereuse),
  • une nausée possible ou une envie d’aller aux toilettes,
  • une distorsion du temps qui peut paraître plus long ou plus court.

Voilà pour les manifestations répertoriées comme les plus fréquentes dans les études sur la peur et la biochimie de celle-ci.

Pour retrouver une certaine détente dans ces situations, une normalité de fonctionnement, nous avons trois concepts essentiels :

  • accepter par une compréhension intellectuelle et expérimentale des mécanismes du corps,
  • sentir la décharge d’adrénaline sans la confondre avec de la faiblesse,
  • utiliser, se servir de ce plus naturel pour " fuir ou combattre " la situation.

Nous pourrons détailler ultérieurement ces étapes.

samedi 27 juin 2009

Les Formes ne servent à Rien


Je parle ici des formes chorégraphiées et composées de plusieurs techniques singées dans le vide.

J'ai eu la chance de rencontrer de nombreux pratiquants talentueux et des maîtres en art martial, ceux-ci partagèrent avec moi des formes et des exercices que je pratique aujourd'hui encore.
Après tout ce temps, j'ai envie de dire : que ce soit pour le combat, pour le développement énergétique ou pour l'aspect spirituel, les formes ne servent à rien.

En matière de combat, les exercices qui modifient les qualités principales du pratiquant (c'est à dire sa force et son "cœur"), suffisent à préparer la base pour aborder la confrontation physique.

Les formes ne donnent qu'une illusion de techniques infaisables et fantasmatiques. Elles prennent un temps précieux au pratiquant qui ferait mieux de travailler sérieusement… Mais je n'ai jamais rencontré de combattant qui n'avait pas une bonne formation technique, basée sur le travail des formes, ou du moins des formes de corps. Il existe bien quelques forces de la nature, plutôt teigneux et rugueux… mais qui sortent du cadre des pratiquants.
Pour l'utilisation des "vecteurs de force", pour le respect de la structure dans l'action et du transfert de la force, la répétition des formes est peut être une bonne idée. De plus, la fluidité du geste, non parasité par les pensées puisque le mental a eu le temps d'intégrer l'apprentissage de la forme, permet d'enchaîner les frappes… de garder l'équilibre… hummmm.
Je ne parle pas des mouvements "uniques", ceux que l'on entraîne plus tard pour "sortir le jing", mais des formes "dansées".

Pour le travail de la circulation du sang, donc de l'énergie, il suffit de se relaxer, et "ça va venir"… Quelle idée de faire des mouvements qui sont sensés "faire circuler l'énergie" ou encore "ouvrir les méridiens" ! Pourtant, il est évident que certains gestes développent et renforcent certaines parties du corps. Ce développement amène une meilleure circulation, donc une circulation accrue de l'énergie. Se pourrait-il que des petits malins aient regroupés ces mouvements pour en extraire des "formes" ? Si ça n'a pas été fait, ça me semble une bonne idée.
Les formes que j'ai pu découvrir dans les arts internes d'influence taoïstes, celles qui ne datent pas d'avant hier, ont cette caractéristique de promouvoir une circulation équitable dans l'ensemble de la structure physique, de "tirer" sur les trajets des méridiens de la médecine chinoise et tout cela dans une dépense minimale de gestes. On peut faire sans, mais comme c'est déjà là….

Pour la pratique spirituelle, qui n'intéresse que peu de monde, je ne dirai rien… mais je n'en pense pas moins.

Les formes ne servent pas pour le combat, mais leur pratique va "détendre" et renforcer les qualités du combattant. Elles occupent une place bizarre, inutiles mais indispensables…
Les formes ne servent à rien, mais sans la pratique de celles-ci, la route semble plus longue.

Un paradoxe !

Je pratique les "routines" depuis toujours, je les crois utiles.
Mais il me semble qu'il y a un paradoxe concernant leur rôle : elles ne servent pas pour les raisons pour lesquelles elles sont pratiquées.

Les sportifs ou les pratiquants des sports de combat ne connaissent pas cette pratique. Ils se concentrent sur les "mouvements uniques", les techniques et leurs applications.

Dans les arts internes, l'entraînement des formes est souvent suivit par l'entraînement des mouvements uniques. Ce sont des gestes souvent extraits des formes, qui se travaillent isolément, pour rentrer dans le "non pensé", et pour apprendre à sortir la force.

Chaque geste sera ensuite travaillé pour devenir plus puissant et plus détendu, le tout intégré ensuite à la forme liée.

Les exercices et les méthodes d'entraînement pourraient suffire, comme dans le yi chuan par exemple, mais pourtant, le goût n'est pas le même.
Il y a quelque chose de "magique" dans les formes, une étincelle du passé, un contact avec autre chose.
Je suis amateur de formes rares ou anciennes, pour le plaisir de l'esprit ou pour apprendre une façon de "sortir" le jing dans un système précis. En même temps, elles me semblent peu utiles, mais toutefois indispensables.

Parmi les professeurs que j'ai rencontrés, pas un seul ne pratiquait encore les formes, ou seulement pour les enseigner. Par contre, ils avaient souvent une pratique libre, nourrie par les formes qu'ils avaient pratiquées auparavant. A un certain niveau de liberté du corps et de l'esprit, la forme ne peut se contenir dans sa structure pré-établie, mais sans forme la liberté est dure à trouver.

Le rôle des "routines" est beaucoup plus fin que ce qu'il y paraît.

Il y a les mouvements de base, qui se travaillent au début.

Les exercices et méthodes d'entraînement des arts internes, les 'nei gong" et "wai gong", vont faire de ces mouvements des gestes qui vont pouvoir acquérir puissance et décontraction.

On apprend ensuite les formes, danses structurées qui incorporent les mouvements de base.

Dans ces "routines", les mouvements de base sont souvent utilisés différemment que dans les exercices de base, on leur donne une liberté et un mouvement supplémentaires. La liaison entre les gestes, la combinaison des mouvements et la continuité de la force au fil de la forme doit faire l'objet d'un travail spécifique.

La gestion de la distance et les concepts de combat vont émerger de la mise en "forme" des gestes de base.

Dans les arts internes, les techniques de base sont souvent plus axées sur le développement du corps et de son mouvement que sur les "frappes" de base. Les frappes sont souvent pratiquées plus tard, dans les exercices de sortie de force des "mouvements uniques".


Pour quelles raisons devrait on pratiquer les formes aujourd'hui ?

Je pense qu'il y a encore trois bonnes raisons de le faire :

- préparer le corps pour les mouvements du style,

- regrouper toutes les techniques qui forment le style,

- concentrer les "utilisations" du style dans une forme.

Dans la forme il sera possible de combiner la façon de bouger, la mécanique du mouvement, les concepts de combat et la gestion de la distance. Aucun de ces principes ne sera véritablement visible, ils peuvent demeurer transparents dans notre pratique si les méthodes d'entraînement ne sont pas connues.

Le problème est que, au fil des siècles, les mouvements ont évolué en tant que mouvements et non en tant que principes. Ce qui fait qu'un geste créé à l'origine pour mener une action précise, souvent ignorée du pratiquant, peut être modifié ensuite sans que le pratiquant n'en comprenne la raison. Il en résultera une forme plus "jolie", plus adaptée au jeune maître, mais plus éloignée de la création originale. Petit à petit, le style perd de son "cœur" et nourrit son "enrobage".

De plus, les techniques qui furent utilisables il y a longtemps, dans une situation précise, sont obsolètes aujourd'hui. Je pense tout particulièrement à des techniques qui viennent des combats en armures, ou destinées à combattre des cavaliers, qui semblent inutiles pour la rue d'aujourd'hui. Même si on peut aussi être gagné de malchance et être attaqué par un cavalier en armure !

Chaque mouvement des formes doit être entraîné pour exprimer de la puissance, de la vitesse tout en restant décontracté. Sans cet entraînement, les formes sont "vides", et même si les gestes sont là, ils manquent de force et de précision, ils ne servent à rien, mais c'est joli.

Pour que l'art soit vivant, il doit évoluer.

Un maître fier d'avoir une forme qui n'a pas changée depuis la création de son style sous tend deux travers : le premier est que si son style est "utilisable", il décrète que les façons de se battre n'ont pas évoluées, le deuxième est que les gens sont devenus idiots ces dernières décennies et donc incapables d'évoluer ou de penser.

Après avoir maîtrisé son art, je redis ça : après avoir maîtrisé son art, il est souhaitable de le faire évoluer si besoin, ou de le laisser comme tel.

Les nouvelles connaissances des gens en anatomie, en entraînement cardio-vasculaire, les techniques d'accroissement de la proprioception, la compréhension de l'augmentation de la force et les exercices d'entraînement de la vitesse… tout cela peut nous amener à une évolution de notre façon de pratiquer. Si on préfère ignorer toutes ces connaissances, et pratiquer comme il y a 300 ans, c'est un choix… qui fait bien souvent perdre son temps, un temps si précieux dans la pratique.

"Il faut trouver en chaque chose le juste milieu", je pense que c'est la solution. Les formes traditionnelles doivent se nourrir de la connaissance d'aujourd'hui, mais il ne faut pas renoncer à la profondeur du savoir des anciens, à la magie de la transmission du savoir.

La spécificité de bon nombre d'arts internes réside dans l'apparente innocence des pratiques.

Pour développer profondément des changements dans le corps et l'esprit de l'adepte, il est important de ne pas lui donner des exercices trop "clairs", sinon il va chercher à y mettre force et vitesse.

Si on peut s'entraîner sans "intention" sur une transformation, tout est plus facile. Reproduire des gestes qui expriment la force à travers un corps non préparé, ou développer de la puissance dans une enveloppe fragile, c'est mettre un canon lourd dans une barque : au premier coup de feu, l'embarcation coule.

Dans les arts internes, on privilégie la préparation de la structure à son utilisation. La forme va permettre de tester la structure, à travers une danse élégante et qui résume les théories du style. Après de nombreuses années de compréhension par la pratique, les exercices et méthodes d'entraînement vont nourrir la forme qui va "enseigner" au pratiquant.

Pour toutes ces raisons, les formes "sont" les arts anciens, "l'âme" des styles et donc elles ne "servent" à rien.

Les différents Jing (Explosion de Force)

Les Jing purement offensifs

  • Repousser

Repousser est un Jing offensif qui est agressif même dans la défense. C'est l'idée de garder une zone de protection devant soi, une zone circulaire comme un ballon dans laquelle on ne laisse pénétrer aucune force. C'est la zone que l'on détermine en faisant l'arbre, un espace aérien où rien ne peut rentrer.

Repousser n'est pas vraiment une parade mais plus une façon de faire rebondir l'attaque et de frapper dans un même mouvement. C'est aussi une manière de faire tomber l’adversaire quand on a réussi à rentrer dans sa garde. Il est difficile d'expliquer repousser, alors qu'il est très facile de le démontrer. Pour ceux qui connaissent déjà ces explications sont simples.

L’idéal pour travailler l'énergie de repousser est d'utiliser un sac de plus en plus lourd. On peut pratiquer le fait de pousser, de frapper, de rebondir et de dévier. Dans l'utilisation de ce mouvement, en fait de ce concept, toute l’intention doit être dans l'agressivité.

  • La force de vrille

C'est une force de frappe qui vrille au moment de l'impact. C'est l'idée de visser (dans n’importe quel sens) après avoir atteint la cible. Cette action circulaire après l'impact implique une pénétration de la force en profondeur. On peut frapper avec le point, les phalanges, un doigt où la paume. C'est une manière de frapper que l’on souhaiterait employer plus souvent mais qui reste difficile à mettre en pratique.

Pour entraîner cette force, il suffit de positionner son poing sur le sac de frappe immobile et de manière soudaine de vriller le poing pour propulser le sac. Ce Jing s’utilise souvent contre les cavités car elles abritent les points vitaux du corps humain. La concentration doit être à l'intérieur du corps comme si on voulait envoyer la force d'impact sous la surface de la cible.

  • Casser :

La forme de casser est utilisée contre les articulations de l'adversaire. C'est très proche de l'intention qu'il faut pour couper du bois. On a besoin de se concentrer et de viser la branche que l'on va couper. C’est juste avant l'impact de la hache sur la branche que l'on vise, ensuite il faut accélérer le mouvement et le prolonger après avoir touché la branche. Pour une action efficace, il faut rester décontracté et n’utiliser de force qu'à la fin du mouvement.

Le meilleur moyen d'apprendre ce Jing est de casser des petites branches d'arbre entre ses avant-bras. Au début il est conseillé de protéger ses bras mais très rapidement on prend l'habitude de ce mouvement. Le plus important est de concentrer son intention sur ce que l'on fait.

  • Circulaire

Que ça soit un crochet de boxe, une baffe pédagogique, un coup de coude circulaire ou une manière d'attraper, la force circulaire est primordiale dans l'art de combat. Le travail le plus important sera de coordonner tous les segments du corps pour que dans la rotation rien ne soit laissé derrière. Il faut rester complètement relâché jusqu'au moment de la fin de la rotation, où l’on mettra un peu plus de force dans la dernière partie pour revenir immédiatement dans la position de départ.

Le fait de lancer tout le corps dans un sens puis de le ramener dans l'autre rappelle évidemment le mouvement du fouet. Plus on ramènera le mouvement rapidement, plus la force pénétrera profondément à l'intérieur de la cible comme le fait le fouet. C'est un Jing agressif mais très décontracté qui n'aura d'efficacité qu'avec beaucoup de pratique.

Pour s'entraîner, l'idéal est encore une fois de prendre un sac de frappe dans lequel on essaiera de frapper très rapidement, provoquant ainsi beaucoup de bruit mais sans pousser le sac.

  • Plonger

L'énergie du Jing plonger peut-être horizontale ou verticale. C'est une énergie horizontale quand on plonge à l'intérieur de la garde pour éviter une attaque et ne plus être dans la zone de danger. Par exemple, si un adversaire cherche à nous frapper au niveau du visage et que l'on a le réflexe de plonger à l'intérieur de sa garde, sa frappe touchera le vide ou notre épaule. Sur une action offensive ou défensive on peut utiliser la frappe plongeante verticale pour frapper les côtes vers le bas, la hanche ou la jambe provoquant souvent la chute de l'adversaire. On peut utiliser ce Jing dans une action de projection plus que dans une action de frappe. C'est une très bonne manière de contrôler en provoquant un minimum de dégâts.

Sur le sac de frappe on s'entraîne en cherchant à atteindre les dix derniers centimètres du sac à peu près situés à la hauteur de la hanche. On part debout, droit sur ses jambes et pour la frappe on laisse tomber tout le poids du corps sur dix ou quinze centimètres vers le bas. Le fait de plonger amène une frappe lourde qui entraîne l'adversaire dans un déséquilibre.

  • Pousser

On comprend aisément ce que veut dire pousser mais il est difficile de comprendre à quel point cela peut être une action martiale qui dissuade l’adversaire de continuer un combat. On peut pousser devant, vers le bas ou vers le haut. On peut pousser avec une main ou avec les deux de manière continue ou brusque. On peut utiliser la force de pousser comme une frappe ou comme véritablement une action où l'idée est d'envoyer au loin son adversaire. Celle-ci se révèle ne pas être la réaction la plus adéquate, sachant que la plupart du temps il faudra aller de nouveau le chercher. La puissance de pousser n'est évidemment pas dans les bras mais dans la source de la force du corps ; c'est-à-dire les jambes et les pieds sur le sol.

La manière la plus efficace d'entraîner pousser se divise en deux étapes. On commence par pousser quelque chose qui ne bouge pas et après quelques temps d'entraînement on passe à un sac assez lourd sur lequel on utilise la même force. C'est un entraînement qu'il faut faire et qui est difficile de décrire. Un « poussé » bref peut s’avérer être très efficace avant d'amener n'importe quelle autre frappe : c'est une manière de choquer l’adversaire pour l'empêcher de réagir.

  • Attraper

Attraper est une force qui peut être utilisée pour contrôler, déstabiliser ou faire tomber. En général, on recommande d’entrer d'abord en contact avec la surface à attraper puis, de provoquer un mouvement de feinte dans le sens inverse de la direction vers laquelle on veut attraper. La réaction de l'adversaire sera de ce contracter ce qui rendra les projections plus faciles et sa capacité à se défendre plus difficile.

Si le Jing attraper est suffisamment fort, il peut suffire en lui-même. La plupart du temps, attraper est une manière d’amener ensuite un autre Jing comme vriller, le Jing circulaire ou pousser. L'enracinement est primordial dans ce genre de Jing car la personne attrapée tentera inévitablement de se libérer. Si on n'a pas un bon équilibre sur ses jambes, c'est un Jing dangereux qui peut amener à être déstabilisé soi-même.

La seule manière d'entraîner attraper est d'avoir un partenaire avec lequel on peut essayer ce concept.

  • Coude

En distance rapprochée le coude est un atout indispensable qui fait la différence. C'est évidemment une attaque difficile à contrer et qui occasionne des dégâts importants mais c'est aussi une manière habile de parer. Utiliser le coude pour une parade est efficace car cela freine l'agression. La sensibilisation à l'utilisation des coudes permet d'utiliser ceux-ci comme des mains lorsqu’on se trouve à une courte distance de l’adversaire. Encore une fois, l’expliquer avec des mots ne vaut pas la pratique où la compréhension est immédiate. L'utilisation du coude pour la frappe peut-être droite, circulaire, montante ou descendante.

Toutes ces attaques se travaillent sur un sac ou sur une cible mouvante. Ces mouvements sont aussi des manières de parer avec son coude. L'art de combat, quel qu’en soit le style, ramène toujours à une distance très courte afin de minimiser le danger. Sans la pratique du Jing des coudes, il sera impossible de réagir correctement sur une distance courte.

  • Frotter

On peut utiliser la main ou l'avant-bras pour frotter devant, sur le côté, vers le haut ou vers le bas. L’idée de frotter peut être utilisée contre un bras ou une jambe mais aussi être employée lors d’une tentative de saisie pour dégager la voie et pouvoir appliquer un autre Jing. C'est une manière de dévier légèrement l'adversaire sans qu'il ne s'éloigne trop pour engager ensuite la contre-attaque.

Un sac de frappe assez lourd est très utile pour entraîner ce Jing. On provoque une rotation du sac sans utilisation de la main fermée mais avec un frottement des avant-bras. En faisant rouler le sac on passe d'un avant-bras à l'autre on développe ainsi la sensibilité de ceux-ci. Frotter peut être utilisé aussi de manière brusque et violente un peu comme l'idée d'un ricochet. Une méthode avancée d'entraînement consiste à prendre un bâton et à rouler la main et tout le bras d'un côté et de l'autre. Le frottement contre ce bâton permettra de conditionner le bras de manière subtile tout en développant toujours plus sa sensibilité.

Les Jing défensifs

  • Tirer

L'action de tirer fait dévier l'adversaire et le place dans la position qui nous convient le mieux. Ce Jing peut-être long ou très bref. Avec suffisamment d’enracinement, l'action de tirer suffit à projeter au sol mais peut aussi provoquer un KO. Pour projeter l'adversaire il suffit de le tirer en déplaçant son centre de gravité vers le point vide de sa base de sustentation. Ceux qui sont déjà familiarisés avec les arts de combat comprendront ce qui est écrit.

Si on apprend à tirer de manière brève et violente sur le bras, cela provoquera une tension sur le trapèze correspondant qui lui-même compressera un nerf dans la nuque. Il est difficile de croire à cela si on n’a jamais subi un Jing tirer suffisamment violent pour faire tourner la tête. C'est un Jing en lui-même indépendant mais qui peut très bien, comme tous les autres Jing, être effectué en combinaison.

La meilleure façon d'entraîner cela est d'utiliser un mannequin de bois et de pratiquer des exercices sur celui-ci.

  • Intercepter-coller

C'est un Jing défensif où l’on va au devant de la frappe de l'adversaire bloquant ainsi son Jing d'attaque en restant collé sur ses bras. Sans utiliser les mains pour attraper les bras on utilisera les paumes, les avant-bras et les bras pour se coller le plus possible et empêcher l'adversaire de trouver suffisamment d'espace pour lancer une nouvelle attaque. De plus, cette distance très courte est une distance adéquate pour effectuer différents types de Jing puisque l'adversaire est rendu plus vulnérable parce que contracté.

C'est un Jing difficile à mettre en oeuvre mais si on le contrôle suffisamment bien il devient alors un des meilleurs à utiliser. Non seulement l'adversaire est rendu inoffensif mais en plus on n’a pas eu besoin de provoquer de dégâts physiques trop importants.

La seule façon d'entraîner intercepter-coller est de pratiquer les exercices appropriés avec un partenaire. C'est un Jing défensif avancé mais très intéressant à travailler. De plus, le travail de ce Jing est de loin l'un des plus amusants dans la voie que l'on suit.

  • Ouvrir-fermer

Ces deux Jing opposés permettent d’avoir une défense rapide contre des attaques qui surprennent. Ce sont les parades classiques que l'on retrouve un peu partout dans les arts de combat. Il faut comprendre qu’ils ne sont jamais un premier choix mais plutôt une solution de secours quand on a été surpris. Pour contrôler l'adversaire, il faut utiliser un Jing agressif le plus rapidement possible après une ouverture ou une fermeture.

Encore une fois, la meilleure façon de comprendre ce Jing est de travailler avec un adversaire qui essaiera de nous surprendre en nous attaquant rapidement.

Voici une première introduction aux différents Jing pour une utilisation simple. Il existe une infinité de variations sur les Jing sachant que chaque mouvement, chaque situation peut utiliser un Jing différent. Il faut comprendre qu’il est infiniment plus efficace de travailler les différents Jing plutôt que les formes enchaînées. C'est seulement lorsque les Jing sont parfaitement maîtrisés que l'on peut utiliser les formes comme mémentos de techniques.

La raison pour laquelle les arts internes chinois sont pratiquement inutilisables c'est justement parce que beaucoup de professeurs vendent les formes plus facilement qu'il ne vendent un travail difficile que représentent les Jing. Une fois de plus, ils se concentrent sur la forme extérieure, qui reste anecdotique au niveau de l'importance des arts internes, alors que l'essence même des arts de combat se trouve dans les méthodes…

Utilisation de Pi Quan



lundi 15 juin 2009

Les Arts de Combat et la Voie


Bien souvent dans les cours de taichi ou de kung-fu on parle de se battre, de se défendre, on apprend à réagir face à des agressions possibles... Mais est-ce bien nécessaire tout ça ?

Il faut voir qu'aujourd'hui il est improbable, sauf si on le recherche, d'avoir à appliquer toutes ces techniques dans de telles conditions.

Il n'est pas besoin de se battre, de collectionner des techniques de défense pour arriver à évoluer et pour se sentir mieux dans sa vie. Suivant les besoins de chacun, être plus présent à ses actes et réussir à lutter contre le stress sont bien suffisants.

Il existe un grand nombre de techniques, d'enseignements et une multitude de voix spirituelles qui peuvent répondre à ces attentes.

D'une manière ou d'une autre, toutes les voies amènent à la même chose : être mieux, se sentir plus soi-même, être une meilleure personne et pouvoir partager cette décontraction avec les autres.

Mais dans ces cas-là, point n'est besoin d'aller chercher les arts de combat : pour pratiquer les arts de combat il faut comprendre la violence de manière pratique et réelle. Si on étudie toute forme de combat sans être clair sur ce qu'on fait, sans connaître réellement la portée de l'enseignement que l'on suit, en étant dans un flou artistique pendant des années, on perd son temps.

La vie urbaine fait que l'on côtoie des centaines de gens chaque jour, même si certains ne sont pour nous que des silhouettes, il est nécessaire de mieux comprendre le rapport à l'autre. L'une des facettes de ce rapport, et on le voit tous les jours, c'est la possibilité de la confrontation avec autrui. Cette confrontation, ce rapport, peut aller d'un simple échange de regard à une vraie confrontation violente : bien entendu c'est exagéré !

Même dans cette exagération on se rend compte à quel point il est souvent difficile de dire ce que l'on pense, on ne veut pas gêner, on a peur… Cette peur de l'autre n'a pas plus de fondement que la nécessité de faire des arts de combat.

Le travail à deux, dans les disciplines martiales, permet pour une fois d'aller chercher un contact avec l'autre directement par le corps, le moins intellectuellement possible. En comprenant mieux l'autre physiquement, en ressentant mieux le centre et l'axe du corps, on se comprend un peu mieux soi-même. Ce rapport à l'autre dans l'exercice permet de sentir plus que de penser, il est par excellence un rapport honnête.

J'ai souvent des gens qui me parlent de leur pratique dans des clubs, qui sont souvent des clubs de sport, où l'ensemble de l'enseignement impliquait de venir une à cinq fois par semaine pour se déguiser, saluer des portraits de vieux maîtres que l'on ne connaît pas, de s'enfermer dans un rituel loin du quotidien, et ensuite de retourner à sa vie. Une majorité de ces gens la n'ont rien retiré des années, parfois longues, de pratique.

D'abord il faut apprendre ce qu'est vraiment la pratique : c'est un travail que l'on effectue seul, pour soi et où l'enseignant n'est que très peu important. D'ailleurs, un mauvais enseignant qui transmet une pratique corrompue, peut nous amener aux résultats escomptés si on pratique honnêtement nous-même.

Le moment où notre pratique est la plus importante n'est jamais un moment paisible : si on a besoin du chi kong c'est que l'on a besoin d'énergie, et que l'on est rarement dans un état d'esprit tranquille. Les moments où la méditation, où l'état méditatif, sont les plus nécessaires sont des moments de perturbations. Encore une fois les arts de combat nous donnent le meilleur exemple : les seules fois où l'on est amenés à utiliser ce que l'on sait pour se défendre, on est rarement près et jamais dans le bon état d'esprit.

Si la pratique est un rituel, un rituel séparé du quotidien, il y a peu de chances qu'elle puisse être utile.

La première chose qui empêche l'utilisation des connaissances de notre pratique, c'est la peur. La meilleure façon d'aller à l'encontre de la peur c'est de la confronter de manière progressive mais régulière : les arts de combat sont une des façons les plus saines de le faire.

Combien de gens ressentent ce besoin de conduire vite, de se jeter dans le vide accroché à un élastique, de boire ou de manger trop, d'avoir toutes ces conduites qui sont un peu une manière de défier la mort ? Dans ce défi il y a le besoin de se frotter à la peur, un peu comme lorsqu'on regarde des films d'horreur ou qu'on aime se faire peur par des histoires terrifiantes que l'on peut lire.

L'énergie primordiale du corps, qui dans la médecine chinoise vient des reins, est liée à la peur. Si l'énergie générale du corps est faible, on se sent effrayé par toutes choses, on dort mal, on digère mal…

Dans le règne animal, au coeur d'une même espèce, il y a les paisibles et ceux qui sont craintifs. Quand on regarde de plus près, bien souvent les craintifs sont ceux qui sont malades, blessés, des proies faciles pour les prédateurs éventuels. Ils ne sont pas mieux ou moins bien que les autres, ils sont justes dans un moment de faiblesse et ils savent que c'est dangereux. Peu d'animaux restent dans cet état là, car soit ils se soignent et redeviennent forts, soit ils sont tués par un prédateur.

Chez les humains, il n'est pas rare de voir cet état perdurer, devenir sa façon de vivre. Nous n'avons pas de prédateurs, c'est en tout cas ce que l'on croit. Quelqu'un qui a toujours peur sera la victime dans son travail, dans la relation avec des gens abusifs, peut-être même dans la relation de couple. On ne parle pas là de peur panique, mais de cette petite angoisse qui n'a pas lieu d'être et qui nous a empêché de nous exprimer honnêtement sur nos sentiments et nos volontés.

Ce n'est évidemment pas en tapant sur les gens que l'on va être mieux, mais par les arts de combat on peut plus facilement affirmer sa personnalité, aménager sa place dans le monde.

On peut y parvenir par bien des manières, et toutes les voies sont bonnes. Mais si au lieu de choisir le chemin escarpé, rempli de pièges, que l'on va parcourir en rampant, il nous était possible de choisir une clairière ensoleillée que l'on va traverser la tête haute, pourquoi s'en priver ?

La méditation est une pratique difficile, et en même temps si simple. Il faut deux choses pour méditer correctement : une pratique et suffisamment de concentration pour faire cette pratique. La concentration n'est pas nécessairement remplie d'une intention dure, mais simplement la possibilité de rester focalisé sur quelquechose. Il n'est possible de faire cela qu'avec un esprit paisible et détendu. Cette relaxation est difficile quand on a peur de tous, de tout et du reste.

Le Chi Kong est une pratique encore plus simple que la méditation, mais en même temps si compliqué. Il faut que le corps soit détendu, la respiration fine, les émotions apaisées et que l'énergie circule librement. La première manifestation de la peur est une tension du corps, une accélération de la respiration, une fabrication incessante d'idées et il est bien clair que l'énergie ne peut circuler dans un corps bloqué. Encore une fois on ne peut pas pratiquer correctement si l'on a peur.

Les arts de combat demandent simplement d'être là, d'accepter l'entraînement, et d'être honnête dans sa pratique quotidienne. La pratique ancienne des arts de combat chinois regroupent nombre d'exercices pour le corps et l'esprit, d'exercices à deux, de méthodes d'entraînement et d'utilisation de la respiration. Peu d'exercices sont durs physiquement, on ressent pourtant nettement le travail.

À mon sens, pour avoir réellement accès au Chi Kong ou à la méditation, il faut une pratique physique qui permette de renforcer le corps et de calmer les esprits. Ce n'est pas nécessaire, mais c'est un raccourci inestimable. Beaucoup de pratiques physiques répondent à cette attente, aucune à ma connaissance ne le fait aussi bien que les arts de combat.

Il faut vraiment sortir de l'idée que les arts de combat sont une séance de sport avec un échauffement, une pratique de mouvement codifié, un peu de combat à la fin, et peut-être des pompes ou des abdos fessiers pour terminer. On n'est pas au Gymnase Club !

La pratique s'apprend avec l'enseignant et se réalise seul.

Chaque semaine, chaque mois, un petit problème se pose à nous : un détail sur la coordination, sur un exercice physique, sur rapport à son corps…

Tous les jours ce rapport à soi-même permet d'aller plus loin dans sa propre connaissance, de se rendre compte à quel point on se sous-évalue. En quelques mois, si on pratique quotidiennement, le corps change. En quelques années, on est plus proche de la personne que l'on est vraiment.

La Voie taoïste des arts internes chinois n'est pas la meilleure voie, ni la moins bonne, c'est la voie que je connais. Cette Voie amène une transformation sur les gens qui pratiquent ; et ce rapidement et à chaque fois. Je considère donc que c'est une bonne voie, un enseignement de valeur, stabilisé par des racines profondes.

Dans un monde où tout le monde sait un peu tout sur tout, où les enseignements comme la nourriture sont des fast-foods, où le savoir horizontal n'a plus de profondeur, il faut se tourner plus profondément dans une chose. Il faut renoncer aux pratiques patchworks, au taichi des chakras, et amener une fusion entre sa voie et sa vie.

La pratique, l'action est la Voie alors que la connaissance intellectuelle n'est qu'un obstacle de plus à la libération de l'esprit. Il ne faut pas apprendre plus de choses, lire plus de livres, assister à plus de conférences ; il faut simplement se bouger, se discipliner et commencer à travailler.

Une majorité des pratiques du débutant sont des choses qu'il connaît déjà, et la plupart du temps il vous le fait savoir. Mais si intellectuellement le débutant connaît ces pratiques, il ne les a pas travaillées pour autant, elles ne lui sont donc d'aucune utilité.

Pensez une seconde à toutes les pratiques merveilleuses que vous avez croisées dans vos recherches, combien en pratiquez-vous chaque jour ?

Vous voyez ce que je veux dire ?

Avant de s'asseoir immobile pour fusionner son âme avec les étoiles, pour faire voyager son esprit dans les sphères subtiles, avant de connecter l'énergie de son corps aux énergies universelles, de pouvoir échanger ses souffles avec les éléments de la terre, d'émettre l'énergie pour soigner les maladies, il faut commencer par pouvoir se tenir immobile sans trop penser.

Avant de penser à la méditation, aux merveilles du Chi Kong, il faut travailler. C'est rarement le plus amusant, sauf pour ceux qui ont cherché déjà depuis longtemps et qui comprennent cela.

Encore une fois, et d'après les enseignements de mon école, le plus simple est de passer d'abord par les arts de combat qui vont travailler la présence et la peur, pour pouvoir ensuite passer au reste. Avant de toucher toutes les choses subtiles, il est bon d'avoir un corps en bonne santé et un esprit apaisé.

C'est pour cela que les arts de combat sont si importants dans notre enseignement, c'est notre outil pour aller chercher plus loin, notre porte qui ouvre vers d'autres horizons. C'est tout, mais il faut pour cela de l'honnêteté dans la pratique. Si on parle des arts de combat, on doit comprendre la violence. Cela n'est pas possible dans une pratique basée sur le rituel, le rapport social et l'inquiétude du regard de l'autre. Il est impossible d'avoir des grades, de faire de la compétition ou de se déguiser. Il faut se détendre et partager avec les autres un entraînement simple mais dur, et pour soi-même un entraînement quotidien.

Les arts martiaux qui ne sont pas vraiment pour le combat, les systèmes de combat basés sur le rituel, et toutes ces fausses pratiques guerrières permettent de se défouler, de s'amuser, voire de s'enfoncer dans une violence idiote ; elles ont sûrement leur place aussi. Mais elles vont rarement être d'une aide substantielle dans la recherche de soi-même et l'évolution des pratiques respiratoire, méditative et spirituelle. C'est un choix.

Pourquoi s'entraîner au combat ?


On aurait envie de dire pour se battre évidemment !

Si aujourd'hui on ne fait pas partie d'une force armée où des forces de sécurité telles que la Police, il n'y a pas de raison de se retrouver dans une situation de combat. Evidemment l'insécurité dans les villes, la violence latente des automobilistes pressés et la connerie humaine en général sont de bonnes raisons d'être confronté à la violence. Mais si on ne cherche pas la bagarre, il y a peu de chances de se battre ne serait ce qu’une fois dans sa vie.

On s'entraîne donc au combat sachant que ça ne va pas nous servir, ou très peu. La question légitime est donc : pourquoi s'entraîner au combat ?

Je pense qu'il existe plusieurs raisons importantes :

  • Le rapport aux autres,
  • La connaissance de soi,
  • La peur,
  • La présence dans l'instant.

Dans une société où l'on vit essentiellement dans les villes, on est amené à rencontrer les autres de manière continuelle et quotidienne. Bien entendu, cela provoque régulièrement des conflits d’intérêts avec autrui. On pourrait penser qu’à ce moment là l'argumentation est bien loin de la violence. C'est en partie vrai. Mais quelqu'un qui se sent faible ou qui a peur des autres craindra toujours, même de manière semi inconsciente, que l'autre se fâche et en arrive à la confrontation physique. Cela relève évidemment du domaine du fantasme ou plus exactement des peurs fantasmatiques. Cette peur de la confrontation qui dégénère, qui devient une façon de ne jamais dire ce que l'on pense, ne devient un handicap que si l'on se sent faible. À partir du moment où on n’a plus peur de l’autre, on peut dire ce que l'on pense, défendre ses opinions et être plus heureux.

Cela peut paraître ridicule ou incohérent mais cette peur de l'autre existe et elle empoisonne la vie de bien des gens. Ce rapport aux autres qui pose problème n'est autre qu'une manifestation cachée de la peur de mourir. La peur de se battre c’est en fait la peur d'être blessé, la peur de souffrir et ultimement la peur de disparaître. Très rapidement lorsqu’on connaît mieux les mécanismes de la violence, on comprend comment ne plus se positionner en victime ce qui permet de ne plus être pris pour telle par l’agresseur. On développe alors un certain respect de la violence ; ce qui est très utile lorsqu’on se retrouve face aux personnes qui ont pour habitude d’exprimer une agressivité excessive.

L'agressivité est quelque chose de normal, quelque chose de naturel et nécessaire à la survie.

Tous les enfants au cours de leur développement comprennent les bienfaits de l'agressivité sur le milieu environnant. On voit que chez les animaux et chez les hommes l'agression et l'agressivité sont liées à l'instinct. On peut dire qu'il y a deux instincts fondamentaux : l'instinct de vie et l'instinct de mort. L'instinct de vie serait représenté par l'instinct sexuel, de continuation de l'espèce. L'instinct de mort en serait les impulsions agressives et tendances destructrices qu'elles représentent.

L'agressivité chez l'enfant n'est autre qu'une façon d'assurer sa vie. Il cherche à poser ses limites. Il sera confronté à deux options négatives et un développement normal.

  • Le cadre familial se montrera trop exigeant ou trop dominateur et l'enfant devra s'exprimer autrement.
  • Le cadre familial se montrant trop peu exigeant (cédant à toutes les exigences agressives de l'enfant), la vie sera aussi difficile.
Dans un cas la personne se développera le plus souvent en ayant des difficultés à se confronter à son environnement, dans l'autre cas elle deviendra agressive maladivement.

Dans le cas d’une agressivité excessive, le fait de pratiquer des arts de combat permet de réaliser que la violence est quelque chose de sérieux qu'il faut savoir distiller dans sa vie de tous les jours. Rapidement on perd l'habitude d'être agressif avec les autres connaissant trop bien, grâce à l'entraînement, les conséquences d'une confrontation physique.

On observe donc que l'entraînement aux arts de combat modifie complètement notre rapport aux autres et ceci quelle que soit notre position de départ (que l'on se sente inférieur ou supérieur).

On comprendra aisément qu'après quelques années d'entraînement, on acquiert une connaissance de soi plus approfondie et réelle. On ne parle pas seulement d’une connaissance théorique mais d'une connaissance en sensation de ses muscles, de ses os ou encore du fonctionnement de ses articulations et même la sensation de ses organes internes.

On découvrira notre résistance à l'entraînement, à la douleur et surtout on commencera à déceler plus facilement l'arrivée des différentes peurs ce qui permet de ne plus être surpris dans la vie de tous les jours. Connaissant mieux les sensations de peur, ayant joué avec régulièrement pendant l'entraînement, on se retrouvera rarement paralysé, on sera plus apte à réagir.

Bien des systèmes de méditation et de découverte de soi par du contrôle des émotions et du contrôle des peurs. Beaucoup de gens ne veulent plus avoir peur dans leur travail ou dans leur ville. Dans la méditation on peut croire que l'on est centré et l'on peut imaginer que l'on contrôle ses peurs et que l'on joue de ses émotions. Dans la méditation on est assis sur un coussin ou sur une chaise dans une salle paisible avec des gens qui nous veulent du bien. Cinq minutes après que la séance de méditation soit terminée, il est très facile de se stresser dans la rue où les gens ne sont plus aussi gentils.

Dans le taoïsme, on combine la méditation, le chi kung et le combat. Ceci pour une raison très simple : dans la méditation et le chi kung on peut trop facilement se faire des idées, alors que dans le combat on travaille sur les aptitudes et il est très difficile de s'illusionner. Dans l'entraînement au combat, face à la violence, même bienveillante d'un partenaire, on ne peut plus se mentir. Alors que dans la méditation on travaille la présence et la peur et l'on n’est jamais sûr que cela marche vraiment.

L'entraînement au combat et aux arts de combat permet d’emprunter un raccourci pour savoir rapidement si l'on est sur la bonne voie. On évite ainsi des années de pratique inutile Dans le taoïsme, on préfère même que les gens soient d'abord sûrs de leurs possibilités physiques, de la connaissance de leur corps avant de passer à des choses plus subtiles. On ne pense pas que le développement spirituel puisse se faire sans une connaissance et un travail du corps minimum. De plus, si au fil des années on construit en son corps un temple de méditation, on ne va tout de même pas permettre que quelqu'un de mal intentionné vienne y mettre le désordre. Toutes ces pratiques prennent beaucoup de temps il serait dommage de les mettre à la portée de méchantes personnes.

Je pense que l’on peut déjà comprendre comment il est possible de travailler la présence à travers les arts de combat.

Bien sûr dans la méditation et dans le Chi kung la présence est quelque chose de très important, mais aussi plus difficile à travailler. Dans les arts de combat, la présence peut se travailler assez facilement car elle résulte de la volonté de ne pas recevoir de chocs. L'enseignement de techniques de méditation demande une compréhension et une pratique complexes alors que dans les arts de combat le fait d'éviter de prendre un coup est assez instinctif.

Encore une fois on trouve là un raccourci, une manière d'enseigner non seulement par l'intellect mais aussi par le corps.

C’est un moyen facile de travailler sur la peur et la présence ce qui va ensuite modifier notre rapport aux autres et le rapport à soi-même. "Facile" parce que si on arrive à se lancer, le travail est rapide, la progression indéniable et le plaisir qu'on y prend sans pareil. Maintenant la difficulté est de commencer, de s'y mettre, sans tomber sur les arts martiaux traditionnels figés ce qui est déjà un peu mort. Il faut des arts vivants, en continuelle évolution et qui gardent dans leur fonctionnement des atouts majeurs :

  • Des formes aux mouvements naturels,
  • Une recherche de la relaxation avant tout,
  • Des confrontations régulières avec des adversaires non coopératifs.

Voici énumérées de bonnes raisons pour pratiquer le combat, non pas pour taper sur son voisin mais pour taper sur ses peurs dans la présence de l'instant. Si en lisant ceci vous constatez que tout cela ne vous attire pas ou que cela vous fait peur de penser à vous dans des exercices de combat, alors je ne peux que vous conseiller d'aller faire un tour. Il est très rare d'aller vers ces exercices de manière consciente et décidée ou alors ce sont des gens qui cherchent une activité sportive, ce qui n'est pas le sujet ici. Analysez votre rapport aux autres et demandez-vous si vous avez peur des gens, si vous avez peur quand vous sortez de chez vous le soir tard ou si vous vous posez parfois la question « et si on m’agressait ? ». Ce genre de questionnement ou de peur n'est pas grave mais demande une investigation pour comprendre pourquoi vous pensez à cela parfois. Il faut toujours aller chercher là où ça dérange.

Aller vers ce qui vous fait peur, le reste est ennuyeux.